Alors que ma première collection consistait en une réinterprétation des chronographes de régates des années 70, j’ai appris par la suite qu’un exemplaire ancien se trouvait dans mon village depuis de nombreuses années.
L’histoire se déroule en 2020, ma première collection de montre vient de voir le jour et les premières ventes s’enchainent.
Je fais visiter à un ami d’enfance mon petit atelier dans la maison familiale de Solenzara, lui présente mon petit établi, mon travail, etc. Nous discutons et en voyant mes modèles, ce dernier m’indique que cette collection lui faisait penser à une montre que possédait son père et qui était en piteux état au fond d’un tiroir…
Il s’est avéré que cette montre était l’un des modèles des années soixante-dix qui ont été une source d’inspiration pour la création de mon modèle et ma réinterprétation de cette icône des années 70.
Le modèle en question était une Yema Yachtingraf Croisière, animé par un mouvement Valjoux 7736 mécanique à remontage manuel.
Voici donc ci-contre une photographie de cette montre avant restauration :
Comme on peut le voir, le verre est brisé et les aiguilles se baladent librement dans la montre. Les huiles du mouvement ont vieilli, se sont oxydées et n’assurent plus leur rôle lubrifiant, à cela s’ajoute un fort encrassement et un début de corrosion sur certaines pièces qui fait que le mouvement ne tourne plus.
Enfin, le cadran, alors exposé à la poussière et à l’humidité à cause du verre brisé, a développé une décoloration partielle en certains endroits.
J’entreprends alors la restauration du mouvement de cette montre. Je commence donc le démontage du mécanisme, vérifie que les pièces sont en bon état et n’ont pas pris de jeu, de ce côté-là tout va bien.
Je débute alors le nettoyage à la main de chacune des pièces. Roues, ponts, rubis, vis… Le mouvement était fortement encrassé et tout doit être absolument parfait pour le remontage.
Une fois mes pièces propres, le ré-assemblage commence, avec au fil du remontage, la lubrification des paliers (lieu de friction au niveau des pivots des divers éléments de la montre.
Ex : roues dentées, barillet, etc.) ainsi que des zones de friction entres les différents éléments qui régissent la fonction chronographe du mécanisme.
Après un passage d’une quinzaine d’heures sur mon établi, son petit cœur est alors reparti pour la première fois depuis de nombreuses années.
Un réglage du mouvement afin de lui assurer une précision adéquate et le voilà prêt pour l’assemblage de la montre.
Cependant, bien que la partie mécanique de la montre soit à nouveau fonctionnelle, il nous reste un gros travail à réaliser sur les éléments d’habillage, c’est-à-dire les éléments qui donnent l’aspect esthétique définitif à la montre (ex : cadran, aiguilles, carrure, verre, couronne, lunette, etc.).
Bien entendu, ma formation en Conservation-Restauration des Biens du patrimoine Horloger que j’ai pu réaliser à la HE-Arc de Neuchatel (Suisse) fait que cette restauration a été réalisée dans le respect du caractère originel de ce garde-temps et que cette pièce a été traitée comme un bien du patrimoine, une pièce de musée.
Après un nettoyage du cadran et le retrait de son encrassement, toujours en respectant le caractère originel de cette pièce chargée d’histoire et d’émotions, les aiguilles ont été remises en formes et la montre est alors réassemblée.
Le verre qui n’assurait plus son rôle protecteur a alors été remplacé par un verre neuf et de même technologie (une bague de tension en acier située à la base du verre en acrylique lui assure un maintien ferme et permettait aux montres d’êtres plus étanches à l’époque.).
Malheureusement, des piqures de corrosion situées au niveau de certains joints d’étanchéité empêchent la montre d’être étanche à nouveau, des solutions existent mais se révèlent très invasives et compliquées à mettre en œuvre pour ce projet de restauration. Cependant, la montre peut tout à fait être portée en faisant attention à ne pas l’exposer à l’eau, et au vu de la valeur sentimentale qu’a cette pièce pour mes amis d’enfance je suis convaincu qu’elle sera portée avec précaution.
Et enfin, un bracelet neuf de marque Yema et aux coutures tricolores qui rappellent le modèle a été adapté à la montre afin de lui permettre d’être portée, et d’ainsi permettre à cette montre de famille de poursuivre son histoire.
Voici donc cette montre enfin restaurée et accompagnée sur ses photos de ses petites cousines nées à Solenzara (Corse du Sud).
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