Mon activité d’horloger créateur indépendant ici en Corse implique une organisation différente de la réalisation de mes gardes temps. En effet, j’ai à cœur de réaliser un maximum de choses ici dans mon atelier et bien que cela représente une importante masse de travail, cela fait la richesse de mon métier et m’offre la possibilité de faire des montres uniques et personnalisées.

 

Une fois que la conception de la montre est achevée et que les pièces détachées réalisées selon mes plans ont été vérifiées et validées par mes soins, différentes étapes permettent alors de mener à la naissance d’une Montre LE MEUR et en voici les principales :

 
 

Rendez-vous personnel (le cas échéant) :

Bien qu’il existe des versions « catalogue » du modèle A Prima avec une sélection de couleurs, la vocation des Montres Le Meur est de vous proposer une montre sur-mesure que nous personnaliserons ensemble.

Ainsi, une couleur de cadran particulière, une inscription sur le cadran, un motif ou une inscription spécifique à graver au dos de votre montre LE MEUR, sont autant de détails dont nous pourrions discuter et envisager afin de vous proposer une pièce qui sera alors unique et porteuse de sens.

Ce garde-temps sera une matérialisation d’un évènement, d’une personnalité et de vos gouts. Une pièce qui deviendra alors une montre de famille, qui vous accompagnera et vivra à vos poignets.

 
 

Réalisation des cadrans :

 

Les cadrans des montres LE MEUR sont peints directement par mes soins depuis mon atelier de Solenzara, certaines réalisations complexes nécessitent plus d’une dizaine de couches successives afin de donner de la profondeur à ces cadrans réalisés localement.

 

Par une succession de peinture à l’aérographe, de tampographie et d’application d’index, le cadran, véritable visage de votre garde-temps prends alors forme et donne tout son caractère à la montre.

 

Entre les diverses couches de peintures appliquées, en fonction de l’aspect final désiré, un ponçage de surface au grain très fin est réalisé afin d’en homogénéisera la surface avant l’application de la couche suivante.

L’image ci-contre représente un cadran lors de ses différentes étapes de fabrication, je pars d’un cadran brut en alliage cuivreux que je découpe alors aux bonnes dimensions selon le modèle désiré, puis y applique les différentes couches de peinture.

 

Les différents paramètres que l’on peut faire varier lors de la réalisation de cette peinture sont nombreux en fonction de l’aspect final recherché :

  • Pression de l’aérographe,

  • Distance de projection,

  • Viscosité de la peinture,

  • Application de vernis brillants, mat, satinés, structurants, etc.

 
 
 

Voici divers exemples de cadrans personnalisés :

Les trois exemples ci-dessus représentent une inscription personnalisée, la réalisation d'un logo et enfin un cadran avec un dégradé de couleur et des index appliqués.

 
 

Réalisation des gravures :

 

Afin de proposer une pièce toujours plus personnelle, mon atelier est équipé d’une graveuse de haute précision qui me permet de réaliser à l’unité et in-situ les différentes gravures qui habillent le dos des montres LE MEUR.

 

En plus du fait qu’elles soient toutes numérotées, chaque modèle a un motif qui lui est propre, les inscriptions qui encerclent de fond de boite sont les suivantes :

  • « Etanche 10 ATM » qui indique l’étanchéité du modèle, ici 10 Atmosphère ce qui correspond à 100 mètres pour le modèle A Prima,

  • « Mouvement Suisse » qui mentionne l’origine Suisse du mouvement horloger utilisé et qui anime le garde-temps,

  • « Fattu in Corsica » (« Fait en Corse ») fièrement gravé aux cotés des origines helvétiques du mouvement horloger,

  • et enfin « Montres exclusives et porteuses de sens », la philosophie des montres Le Meur que j’avais pu détailler plus largement dans ce précédent article.

 

La vidéo qui suit est une vue en accéléré du processus de gravure réalisé au dos de l’édition limitée d’A Prima en météorite véritable. Afin d’obtenir une gravure profonde et nette, cette gravure se réalise par une multitude de passages avec des paramètres permettant d’obtenir une gravure précise et agréable au toucher afin d’assurer un confort maximal.

 
 
 

Ci-dessous, voici les gravures réalisées au dos du modèle A Prima, de sa version baptisée Perla avec un cadran en nacre et enfin de l'édition limitée en météorite véritable :

 
 

Au-delà de ces inscriptions, il est possible de réaliser des gravures personnalisées à partir d’un motif demandé par mes clients ou même d’une photographie. Cela implique alors un travail de dessin et de préparation d’un fichier numérique qui permettra ensuite la réalisation de la gravure à l’aide de ma graveuse de précision.

 

Voici quelques exemples de personnalisations réalisées au dos des Montres LE MEUR :

 
 
 

Le réglage des mouvements suisses :

 
 

Les mouvements utilisés pour donner vie aux montres LE MEUR sont d’origine Suisse et le modèle A Prima embarque le mouvement SW-200 de chez Sellita, un fabriquant qui fournit de grandes marques telles que Hublot, Tag Heuer, Breitling, et bien d’autres.

 

Lors de sa réception, le mouvement est inspecté afin de s’assurer que ce dernier répond à mes critères de qualité.

 
 
 

Il s’agit par exemple :

  • De s’assurer que les ébats (jeu sur l’axe Z qui permet de s’assurer que les mobiles pris « en sandwich » entre la platine (plaque principale qui accueille les éléments du mouvement) et les ponts (pièce fixée à la platine qui permet de maintenir les mobiles en place) sont corrects et le cas échéant, une correction est réalisée. En effet, si l’ébat (jeu) est trop serré, alors il freinera la rotation des mobiles et entrainera des problèmes de fiabilité du mouvement. A contrario, un ébat trop grand pourra causer une désolidarisation de la chaine d’engrenages et pourra également causer des problèmes de fiabilité puisque les mobiles perdent leurs liaisons mécaniques et la montre ne « tourne plus » comme elle le devrait.

  • De vérifier la bonne lubrification des différents paliers du mouvement. En effet, les différentes roues (appelées « mobiles ») d’un mouvement peuvent tourner efficacement sur elles-mêmes grâce :

  • À des couples tribologiques (la science de la friction entre différents matériaux) optimisés (un exemple connu de couple tribologique efficace est celui de l’alliage cuivreux et de l’acier, très largement utilisé en mécanique)

  • Mais aussi par l’utilisation de lubrifiants qui permettent de faciliter cette mise en mouvement et de limiter localement l’usure. En fonction de la vitesse de rotation des mobiles nous utiliserons des lubrifiants plus ou moins fluides.

  • La quantité de lubrifiant utilisée. Cette quantité joue un rôle primordial pour la lubrification d’un mouvement horloger : Trop peu et les huiles ne peuvent pas jouer leur rôle lubrifiant et peuvent alors causer une usure prématurée du mécanisme ; Trop et les huiles risquent de migrer vers des emplacements critiques qui peuvent alors entrainer jusqu’à un arrêt du mécanisme, avec en plus le risque d’une lubrification insuffisante dans les zones désirées, qui impliquera alors encore une fois un risque d’usure prématurée.

  • De régler le mouvement afin de s’assurer de ses bonnes performances chronométriques. Pour cela nous plaçons le mécanisme sur un porte mouvement (petit étau permettant de tenir le mouvement pendant que l’on travaille dessus) avant de fixer le tout sur le porte mouvement d’un chrono-comparateur. Ce porte mouvement est équipé d’un microphone de précision qui permet d’écouter le mouvement horloger et d’en calculer les performances et la précision.

 

 

(Abonnez vous à la Newsletter et retrouvez comment lire les informations d’un chrono-comparateur et ce à quoi elles correspondent dans un prochain article)

Le mouvement est alors placé dans différentes positions afin de s’assurer que sa précision correspond à nos critères et répondra donc à nos exigences. Si tel n’est pas le cas un ajustement des différents réglages possibles sera effectué jusqu’à l’obtention des résultats désirés.

Le réglage du mouvement est alors réalisé en temps réel jusqu’à l’obtention d’une précision de +/- 5 secondes de moyenne sur l’ensemble des positions. Ces tests sont également effectués une fois la montre assemblée.

 
 
 

Habillage du garde-temps :

 

Une fois le cadran et le mouvement prêts, il est maintenant temps d’assembler les différents éléments d’habillage de notre montre afin de lui donner son apparence finale. Voici un petit lexique des éléments qui constituent le modèle A Prima :

 
  • A : Bracelet en acier inoxydable

  • B : Bracelet en cuir

  • C : Bague d'assemblage, permet de solidariser le mouvement (L) et la carrure (G)

  • D : Verre bombé en saphir, avec un traitement anti-reflet coté intérieur

  • E : Aiguilles des heures, minutes et secondes, avec matière luminescente.

  • F : Fond de boite, se situe au dos de la montre.

  • G : Carrure, c'est le "corps" de la montre.

  • H : Cadran, le visage de la montre, les marqueurs des heures sont appelés "index".

  • I : Couronne vissée, assure l’étanchéité tout en permettant de remonter et régler la date et l'heure de la montre.

  • J : Joint de fond de boite, assure l’étanchéité entre le fond de boite (F) et la carrure (G).

  • K : Joint de verre; assure l’étanchéité entre le verre (D) et la carrure (G).

  • L : Mouvement, c'est le mécanisme qui anime la montre.

 

Nous installons donc le cadran et mettons en place les aiguilles, les photos ci-dessous montrent la pose des aiguilles à l’aide d’une potence aux aiguilles permettant de chasser avec précision les aiguilles sur les canons (nom donné aux parties du mouvement qui accueillent les aiguilles) du mouvement.

 

Les aiguilles doivent être correctement espacées et être parallèles afin d’éviter qu’elles ne se touchent, dans le cas où les aiguilles ne seraient pas installées correctement et se toucheraient, cela pourrait alors entrainer un arrêt de la montre.

 

Le moment de l’assemblage des garde-temps est très délicat et doit être totalement exempt de poussières, car ces dernières pourraient venir se déposer sous le verre, ce qui nuirait à l’esthétique, ou pire : dans le mouvement, ce qui pourrait compromettre la fiabilité de la montre.

Les joints d’étanchéité doivent également être parfaitement propres afin de s’assurer qu’ils puissent jouer leurs rôles, cette étanchéité est d’ailleurs testée et ces opérations sont présentées au point suivant.

 
 

Test d’étanchéité :

 

L’eau est un ennemi dangereux pour une montre, si elle parvient à pénétrer le boitier et à rentrer en contact avec le mouvement ou le cadran, elle pourra causer des dommages très lourds.

En effet, ces composants sont très sensibles à l’humidité et si un contact bref imposera de toutes façons un service du mouvement (démontage, nettoyage, remontage, lubrification et réglage), une exposition plus prolongée pourra aller jusqu’à la destruction du mouvement à cause d’une corrosion qui se développe rapidement. Souvent, bien que ces dommages soient réparables, ce travail de réparation est si long qu’il n’est pas rentable de se lancer dans cette restauration et que le remplacement par un mouvement neuf sera plus économique et plus rapide pour le client.

 

Afin de s’assurer de la bonne étanchéité de ces montres, chacune d’entre elles est testée individuellement à l’aide d’une machine d’étanchéité dite « sèche », c’est-à-dire que cette machine permet de tester l’étanchéité d’une montre à l’aide d’air mis sous pression, et donc sans prendre le risque de l’exposer à l’eau.

 
 

Cette machine fonctionne à l’aide d’un capteur de haute précision qui va pouvoir détecter les infimes déformations de la montre lorsqu’elle subit ces variations de pressions. Si la montre se déforme et maintient cette déformation lors du test, elle est étanche. Si celle-ci revient progressivement à sa position initiale, il y a alors une légère fuite. Si la montre ne se déforme pas du tout il y a alors une fuite importante.

 
 

La montre est testée d’abord « sous vide », en appliquant une pression négative sur la carrure, cette dernière va alors (à l’échelle microscopique) se « gonfler » légèrement.

On applique ensuite une pression positive de 10 Bar sur la carrure qui correspond à 10 Atmosphères et donc à une profondeur de 100 mètres. La carrure « s’écrase » alors sous la pression et va donc légèrement se déformer, bien que cela soit imperceptible à l’œil nu.

 
 

Si la montre échoue à ce test, nous procédons à un test en immersion, la montre est placée dans un cylindre rempli à moitié d’eau, on fait monter la pression au sein du cylindre afin d’atteindre 5 ou 6 Bar de pression puis on immerge la montre dans l’eau.

 

Naturellement, la montre est avant cela vidée de ses composants afin de ne pas risquer d’exposer ces derniers à l’eau.

Nous effectuons donc le test en immersion sur une montre « vide » car nous savons déjà que celle-ci a un défaut d’étanchéité.

 

On relâche ensuite cette pression et une montre qui a un problème d’étanchéité laissera échapper un filet de bulles.

 

Nous pouvons alors observer et repérer la localisation de la fuite et ainsi identifier l’élément fautif afin d’intervenir. Remplacement de pièce, de joints, etc. mais parfois il s’agit simplement d’une poussière sur un joint d’étanchéité.

 

On répète alors les tests d’étanchéité jusqu’à ce que la montre soit étanche.

 
 

Test de fiabilité :

 

Une fois ces étapes passées, il s’agit maintenant de tester la fiabilité de la montre. Nous utilisons ici un « simulateur de porté », c’est une machine rotative qui permet de placer la montre dans toutes les positions et qui simule alors une personne qui la porte au quotidien.

Chaque montre est ainsi testée sur une période de 6 jours afin de s’assurer qu’elle conserve la précision escomptée, et que le mouvement à remontage automatique se remonte comme il se doit.

 

Dans le cas où une montre échouerait à ce test et que l’on constaterait des performances chronométriques inadéquates, la montre retourne sur l’établi afin de comprendre la cause de cette irrégularité afin de la corriger avant d’être à nouveau soumise au test d’étanchéité et de simulation de portée.

 

Préparation du packaging :

 

La montre est enfin prête et il s’agit maintenant de préparer son écrin. Chaque montre LE MEUR étant numérotée, nous retrouvons ce numéro sur l’écrin en bois laqué et la carte de garantie de 2 ans qui accompagnent chaque gardes temps.

 

La plaque supérieure de l’écrin est alors gravée de l’emblème des Montres Le Meur et du numéro de la montre, mais, selon les modèles, nous pourrons également retrouver sur l’écrin le motif de l’édition limitée Météorite ou de l’édition Perla, par exemple.

 
 
 

Un fascicule expliquant l’état d’esprit du modèle A Prima ainsi que les spécifications techniques de cette dernière accompagne également la montre, ce dernier a été imprimé à l’imprimerie du Fium’orbu afin de toujours tenter de réaliser un maximum de choses directement sur notre ile.

La montre est alors prête à rejoindre le poignet de son porteur et à l’accompagner au quotidien en attendant d’être transmise.

 

Merci pour votre lecture, j'espère que vous avez apprécié cet article qui retrace brièvement les principales étapes qui constituent la réalisation d'une montre LE MEUR. Bien entendu, les étapes de conceptions ne sont pas décrites ici car elles sont évoquées dans un précédent article.

 

N’hésitez pas à réagir en commentaire où à me contacter pour toute remarques, demandes d'informations, ou simplement pour que nous partagions autour de notre passion pour l'horlogerie.

 

N'oubliez pas de vous inscrire à la Newsletter afin de ne rien rater des prochains articles des Pensées Horlogères !

22 juillet, 2022 — Jean Dominique Le Meur