Cette aventure de création horlogère débute en 2020.

Alors fraîchement diplômé d’un Master en Conservation-Restauration d’Objets Techniques, Scientifiques et Horlogers auprès de la Haute-Ecole ARC de Neuchâtel (Suisse), et après une formation professionnalisante en Horlogerie suivie auprès du centre P2R Formations de Besançon, je m’apprêtais à repartir en Suisse et travailler dans le secteur de l’horlogerie.

Cependant, l’imprévisible pandémie du Covid-19 m’a empêché de retourner en Suisse. Me retrouvant soudainement avec du temps libre, je décide d’essayer de réaliser une montre que j’avais en tête depuis des années et que je n’avais jamais pu concrétiser, faute de temps.
Cette montre était un chronographe de régate, une montre typique des années 70, avec un look coloré et une identité issue du monde du nautisme. Ce qui fait la particularité des chronographes de régate c’est ce sous-compteur de chronographe, séparé en quartiers de 5 minutes et qui souvent arbore des couleurs vives afin d’en améliorer la lisibilité.
 

Voici quelques exemples des chronographes légendaires qui ont alors été pour moi une source d'inspiration lors de la création de cette collection :

Comment fonctionne un chronographe de régate ?

Au début d’une Régate est émis un signal sonore et/ou visuel nommé « L’avertissement », ce dernier indique aux bateaux en course que nous sommes à 5 minutes du départ officiel. Lors d’une Régate, c’est au bateau de s’auto-arbitrer et de s’assurer qu’il respectera les règles et le timing.

A ce moment-là, l’équipage du navire déclenche le chronographe et pourra alors gérer son temps afin d’être certain d’être prêt et conforme aux règles au moment du départ. Lorsque l’aiguille des minutes du chronographe aura franchi le quartier coloré, alors les 5 minutes sont écoulées et le navigateur sait que le départ de la course est effectif.

C’est cette notion importante d’auto-arbitrage qui rend alors impératif pour l’équipage d’avoir un outil lui permettant de monitorer son temps afin de s’assurer d’être conforme au départ.

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Je me lance donc à la recherche des composants à utiliser sur ce modèle, et dessine alors 40 cadrans ainsi que leurs dessins techniques où chaque dimension doit être mentionnée afin d'obtenir un cadran qui sera compatible avec l'ensemble des éléments qui constitueront la montre.

Exemple de document indiquant les codes Pantone des couleurs à utiliser pour les cadrans

Le choix des couleurs a été le fruit d’un important travail de réflexion, il fallait trouver une harmonie des couleurs tout en conservant l’esprit de ces montres mythiques des années 70. Les différents codes Pantone à utiliser ont alors été détaillés dans un document qui fera partie du dossier de production de mes cadrans, dossier destiné à un industriel spécialisé afin qu’il réalise ces pièces selon mes plans.

Au-delà des couleurs, il fallait également définir différents détails comme les différentes finitions à adopter sur les cadrans, quels éléments doivent êtres peints à l’aide de peinture matte, quels éléments doivent être réalisés en peinture brillante, car ce sont autant de détails qui allaient donner leur caractère à ces cadrans, et donc à mes premiers gardes temps. Il fallait alors faire une cartographie des différentes finitions et peintures à utiliser.

Au niveau des aiguilles, le modèle choisi était sobre, avec une finition polie miroir et un matériau luminescent sur l’aiguille des heures et des minutes. Cette sobriété me permettrait de s’adapter à l’ensemble de mes 40 cadrans différents, tout en me laissant la possibilité de peindre les aiguilles depuis mon atelier en fonction des modèles et des demandes de mes clients.

C’était alors les premières personnalisations que je proposais, ne possédant pas encore le matériel pour réaliser mes propres cadrans ou mes gravures personnalisées.

Une fois la documentation prête, il m’a alors fallu rechercher un industriel qui accepterait de réaliser ces cadrans selon mes plans, avec comme contrainte le fait que cette production serait de seulement 2 pièces/cadran, pour un total de 80 cadrans.

En attendant la réalisation des premiers échantillons de cadrans, j’ai commencé à m’avancer sur le réglage des mouvements horlogers qui allaient animer mes montres.

Après réception des premiers échantillons et la validation de ces derniers, la phase d’assemblage et de tests a alors débuté. Et les premières ventes quelques semaines après. En effet, n’ayant pas les moyens d’acheter toutes les pièces nécessaires à assurer l’intégralité de la production en une fois, les premières ventes finançaient l’achat des pièces nécessaires pour assurer la suite de la production.

En parallèle à cette activité purement horlogère (conception, dessin technique, recherche d’industriels, réglage, assemblage, tests de fiabilité et d’étanchéité, etc.), je me suis également occupé de la partie communication, avec la réalisation de photographies de mes modèles, d’un site internet afin de présenter la collection, et j’ai eu la chance d’avoir suscité l’intérêt des médias locaux.

Corse Matin, Settimana, France Bleu RCFM dans l’émission « È campà quì » de Christophe Zagaglia, France 3 Corse Via Stella, ainsi que le site de la mairie de mon village (Sari-Solenzara). Que je tiens à remercier à nouveau ici.

Les montres ont été accueillies avec bienveillances et à la fin de l’année 2021, mes 80 pièces avaient trouvées acquéreurs et s’étaient dispersées en Corse, en France, Espagne, Suisse et Etats-Unis d’Amérique.

Après le succès de cette première collection, il m’est alors apparu comme une évidence que l’horlogerie insulaire pouvait tout à fait avoir sa place sur notre île et qu’il existait une réelle demande.

La décision de ne pas me rémunérer et de tout réinvestir pour créer ma marque horlogère ici en Corse était prise.

Mais cette fois-ci, cela serait l’occasion d’évoluer, de monter en gamme, de proposer toujours plus de qualité mais également de réaliser un maximum de création de valeur ici sur notre île.

La première montre de luxe Fattu in Corsica allait alors voir le jour, avec en plus de la naissance de cette entreprise de création horlogère, un objectif ultime qui se profile : développer ce nouveau secteur d’activité sur notre île, y créer de l’emploi et y accueillir un jour des stagiaires et des apprentis.

 

Merci d’avoir lu ces lignes, j’espère que ce petit résumé vous a plu. J’aimerais vous retrouver régulièrement dans ce petit journal pour vous raconter mes avancées, mais également vous parler d’horlogerie et ainsi partager ma passion avec vous. N’hésitez pas à me contacter pour plus de détails si besoin, je me ferais un plaisir d’échanger avec vous.

Retrouvez la suite de cette histoire que nous écrivons ensemble prochainement dans les pensées horlogères.

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22 juillet, 2022 — Jean Dominique Le Meur